INTERVIEW DE STELLA MELBYE-KONAN

MONDE ECONOMIQUE, December 20, 2020
Interview de Stella Melbye-Konan – Directrice de la Galerie Melbye-Konan 
Le Monde Economique : Après 20 ans de tentatives plus ou moins fructueuses, la création africaine trouve enfin un écho auprès des collectionneurs internationaux. Une nouvelle ère s’ouvre-t-elle pour cette scène contemporaine ? 
Stella Melbye-Konan : En effet, les collectionneurs internationaux s’intéressent de plus en plus à la création africaine et pas seulement par effet de mode mais par intérêt. Ceci, bien sûr grâce au travail remarquable de certains grands pionniers sur ce terrain comme le collectionneur Jean Pigozzi, la Galerie MAGNIN-A, le curator et artiste nigérian Olu Oluchukwu. 
Galerie MK_Ngoye De plus l’augmentation de la visibilité médiatique dans un monde plus connecté et global ainsi que de nombreuses initiatives privées telles que la création de nouvelles galeries d’art, fondations, de foires de dimension internationale spécialisées sur l’art contemporain africain ont abouti à la mise en valeur du travail artistique des artistes et suscité l’intérêt des collectionneurs du monde entier. Aujourd’hui les artistes africains se trouve dans les plus prestigieuses collections , on peut citer le Centre Pompidou, la Tate, le MOMA comme aussi dans les grandes collections d’art privées telles que Rubell Museum, la Collection Francois Pinault, Matthias Leridon. Aussi au sein de la Galerie Melbye-Konan, nous observons cette dynamique, trois mois seulement, après l’ouverture de la Galerie, nous comptons déjà des collectionneurs venant en plus de l’Europe, d’Asie, d’Amérique Latine et d’Afrique. 
Le Monde Economique : Il est évident que la cote de l’art contemporain africain augmente grandement. Peut-on parler d’un effet de mode ou d’un réel engouement ? 
Stella Melbye-Konan : Je ne pense pas que ce soit un effet de mode, mais une nécessité. Après une longue sous-estimation du continent, pas seulement en ce qui concerne le marché de l’art, les pays africains ont retrouvé une nouvelle confiance en eux. Ceci s’exprime aussi via l’art. Cependant, il faut continuer à faire la promotion des artistes issus du continent africain afin que leurs oeuvres touchent le plus grand nombre. Les Musées, les maisons de ventes aux enchères, les fondations, grandes galeries, intègrent les oeuvres des artistes du continent africain de plus en plus dans leurs collections ou programmation d’expositions. On peut donc dire que c’est un réel engouement. 
Le Monde Economique : Les ventes spécialisées des œuvres africaines ont longtemps affiché des ratios déprimants : 60% par exemple d’invendus chez Bonhams à Londres en 2010. Aujourd’hui, les taux d’invendus oscillent plutôt autour de 30%. Une demande enfin consolidée ? 
GalerieMK_N’goye Stella Melbye-Konan : Il y a une demande significative pour les oeuvres des artistes africains, parce qu’il y a plus d’intérêts venant de tous les continents et que ces artistes nous proposent des oeuvres avec une portée artistique assez intense et surtout sont plutôt encore « abordables » financièrement. Aussi, avec l’écosystème qui s’est mis en place, nous constatons que cette dynamique est réelle. 
Le Monde Economique : A l’instar de Picasso, nombreux sont les artistes qui ont ainsi mis leur art et leur talent au service d’une cause politique, sociale, économique ou philosophique. L’art peut-il aider à changer le regard de l’occident sur l’Afrique ? 
Stella Melbye-Konan : Oui, nous sommes convaincus que l’art peut aider à changer le regard de l’occident sur l’Afrique. C’est même important, car la culture est à la base de la construction de toute société humaine. Sans culture que sommes-nous ? Cette dimension fait partie de nos ambitions au sein de la galerie Melbye-Konan. 
À Hamburg, nous sommes la première galerie d’art à faire la promotion d’artistes du continent africain et vue l’enthousiasme de la population tant au niveau des visites qu’en terme d’acquisition, nous pouvons dire que sommes dans la bonne approche. 
Le Monde Economique : Aujourd’hui, l’un des artistes le plus demandé des ventes d’Art Contemporain africain est Chéri SAMBA. Y-a-t-il une chance de le retrouver un jour au sein de votre galerie ? 
Stella Melbye-Konan : Bien sûr, il existe une chance de le retrouver un jour au sein de notre galerie. C’est un artiste qui fait parti des pionniers. Dans le cadre d’une de nos expositions au printemps prochain nous allons exposer des oeuvres d’artistes pionniers sur le continent africain tels que, James Houra, Monné Bou et Michel Kodjo (premier artiste de Côte d’Ivoire). 
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Galerie Melbye-Konan 
La Galerie-Melbye Konan, galerie d’art contemporain internationale, présente des artistes contemporains ayant un lien avec le continent Afrique sur deux étages et 230 mètres carrés au centre ville à Hambourg (Allemagne). Avant de créer la galerie, Stella Melbye-Konan a fait des études à l’Université de Hambourg et à l’Ecole du Louvre et travaillé à Paris pour le Centre Pompidou, au musée Carnavalet, et avec l’architecte française Dominique Perrault.

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